Lecture analytique n°2 - Le double jeu d'Agnès
Mar 26 Nov - 19:33
Voici la seconde lecture analytique de la séquence. Elle est extraite de la scène 4 de l'acte III. Je vous rappelle que le groupe 1 doit en rédiger le commentaire pour le 28 novembre.
Molière a écrit:ARNOLPHE.
Ils n’ont donc point ouvert ?
HORACE.
Non. Et de la fenêtre
Agnès m’a confirmé le retour de ce maître,
En me chassant de là d’un ton plein de fierté,
Accompagné d’un grès que sa main a jeté.
ARNOLPHE.
Comment d’un grès ?
HORACE.
D’un grès de taille non petite,
Dont on a par ses mains régalé ma visite.
ARNOLPHE.
Diantre ! ce ne sont pas des prunes que cela !
Et je trouve fâcheux l’état où vous voilà.
HORACE.
Il est vrai, je suis mal par ce retour funeste.
ARNOLPHE.
Certes, j’en suis fâché pour vous, je vous proteste.
HORACE.
Cet homme me rompt tout.
ARNOLPHE.
Oui. Mais cela n’est rien ;
Et de vous raccrocher vous trouverez moyen.
HORACE.
Il faut bien essayer, par quelque intelligence,
De vaincre du jaloux l’exacte vigilance.
ARNOLPHE.
Cela vous est facile. Et la fille, après tout,
Vous aime.
HORACE.
Assurément.
ARNOLPHE.
Vous en viendrez à bout.
HORACE.
Je l’espère.
ARNOLPHE.
Le grès vous a mis en déroute ;
Mais cela ne doit pas vous étonner.
HORACE.
Sans doute,
Et j’ai compris d’abord que mon homme était là,
Qui, sans se faire voir, conduisait tout cela.
Mais ce qui m’a surpris, et qui va vous surprendre,
C’est un autre incident que vous allez entendre ;
Un trait hardi qu’a fait cette jeune beauté,
Et qu’on n’attendrait point de sa simplicité.
Il le faut avouer, l’amour est un grand maître :
Ce qu’on ne fut jamais il nous enseigne à l’être ;
Et souvent de nos mœurs l’absolu changement
Devient, par ses leçons, l’ouvrage d’un moment ;
De la nature, en nous, il force les obstacles,
Et ses effets soudains ont de l’air des miracles ;
D’un avare à l’instant il fait un libéral,
Un vaillant d’un poltron, un civil d’un brutal ;
Il rend agile à tout l’âme la plus pesante,
Et donne de l’esprit à la plus innocente.
Oui, ce dernier miracle éclate dans Agnès ;
Car, tranchant avec moi par ces termes exprès :
« Retirez-vous : mon âme aux visites renonce ;
Je sais tous vos discours, et voilà ma réponse, »
Cette pierre ou ce grès dont vous vous étonniez
Avec un mot de lettre est tombée à mes pieds ;
Et j’admire de voir cette lettre ajustée
Avec le sens des mots et la pierre jetée.
D’une telle action n’êtes-vous pas surpris ?
L’amour sait-il pas l’art d’aiguiser les esprits ?
Et peut-on me nier que ses flammes puissantes
Ne fassent dans un cœur des choses étonnantes ?
Que dites-vous du tour et de ce mot d’écrit ?
Euh ! n’admirez-vous point cette adresse d’esprit ?
Trouvez-vous pas plaisant de voir quel personnage
A joué mon jaloux dans tout ce badinage ?
Dites.
ARNOLPHE.
Oui, fort plaisant.
HORACE.
Riez-en donc un peu.
(Arnolphe rit d’un ris forcé.)
Cet homme, gendarmé d’abord contre mon feu,
Qui chez lui se retranche, et de grès fait parade,
Comme si j’y voulois entrer par escalade ;
Qui, pour me repousser, dans son bizarre effroi,
Anime du dedans tous ses gens contre moi,
Et qu’abuse à ses yeux, par sa machine même,
Celle qu’il veut tenir dans l’ignorance extrême !
Pour moi, je vous l’avoue, encor que son retour
En un grand embarras jette ici mon amour,
Je tiens cela plaisant autant qu’on saurait dire,
Je ne puis y songer sans de bon cœur en rire :
Et vous n’en riez pas assez, à mon avis.
ARNOLPHE, avec un ris forcé.
Pardonnez-moi, j’en ris tout autant que je puis.
- Lucas b
- Messages : 11
Date d'inscription : 03/09/2019
Re: Lecture analytique n°2 - Le double jeu d'Agnès
Mar 26 Nov - 19:40
je me suis lancé dans le commentaire -oui c'est un peu tard est je ne m'en felicite pas mais j'ai oublié a quoi la situation de quiproquo grande partie 1 sous partie 2 fait reference et je ne trouve pas d'inspiration quand a la première sous partie du grand 1 : Le jeu de scene -je n'ai que les didascalie pour l'instant ?
pourriez vous m'aidez a me placer sur le droit chemin car (je dois bien l'admettre) le commentaire n'a jamais été mon fort
merci d'avance
pourriez vous m'aidez a me placer sur le droit chemin car (je dois bien l'admettre) le commentaire n'a jamais été mon fort
merci d'avance
Re: Lecture analytique n°2 - Le double jeu d'Agnès
Dim 1 Déc - 14:06
La situation de quiproquo doit insister sur l'ignorance d'Horace : tout le jeu hypocrite d'Arnolphe a sa place ici, en particulier les questions du début, l'étonnement feint, qui va jusqu'à la fausse compassion. Le jeu de scène repose en effet sur les didascalies : vous pouvez également anticiper un peu sur la sous-partie consacrée à la "double scène", et commenter la scène du grès racontée par Horace. Le geste d'Agnès (lancer le grès), qui a blessé Horace (on peut même imaginer que celui-ci en porte la marque, comme dans la mise en scène à l'Odéon) relève du comique de geste aux yeux d'Arnolphe. Arrivé à la deuxième partie du commentaire, vous pouvez revenir sur ce geste et souligner que, tandis qu'Arnolphe en est en quelque sorte resté au stage de la comédie farcesque, il s'avère qu'Agnès, par sa ruse, amène un comique bien plus subtil, qui fait basculer la pièce dans la comédie de caractère et de mœurs.
- ulysse bello
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Re: Lecture analytique n°2 - Le double jeu d'Agnès
Dim 1 Déc - 17:34
es que Horace connait la vrai identité de me monsieur de la souche dans l'extrait sur le quelle nous avons a faire un commentaire de texte? Merci d'avance.
Re: Lecture analytique n°2 - Le double jeu d'Agnès
Dim 1 Déc - 18:16
Non, Horace va l'ignorer presque jusqu'à la dernière scène. C'est bien pourquoi on peut parler de quiproquo ici.
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